La guerre de fusees, une coutume de la ville de Vrontados

La guerre de fusées est une vieille coutume qui commença pendant l’occupation turque, et qui continue à avoir lieu tous les ans à Pâques. Dans un premier temps, les habitants des deux paroisses qui se font face (Panagia Erithiani et Saint Marc), fabriquaient des petits canons improvisés. Par la suite, ils commencèrent à fabriquer des fusées et des feux d’artifices, toujours improvisés, à partir de salpêtre, de soufre et de la poudre à canon. Ces fabrications demandent une attention particulière et le savoir-faire se transmet de génération en génération.

La préparation des fusées commence juste après Pâques afin d’être prêts pour l’année à venir. Le nombre de fusées, ces dernières années, augmente sans cesse ; on estime que des milliers de fusées sont fabriquées chaque année. Imaginez donc la vue impressionnante, la nuit de la résurrection du Christ, de milliers de fusées et de feux d’artifices. Tout le ciel s’illumine et c’est véritablement fascinant à regarder.

De nombreuses personnes viennent à Chios spécialement à cette époque de l’année afin de participer à cet événement, qui n’a lieu que sur cette île. C’est une expérience unique, mais c’est aussi assez dangereux. C’est pourquoi, ces dernières années, des mesures de sécurité ont été mises en place afin de protéger les visiteurs, et pour que la coutume puisse continuer.

Chios et la mer sont presque des synonymes. La mer a façonnée les coutumes des habitants de Chios. Ainsi, pendant la saison de Noël, les enfants parcouraient les rues afin de chanter les chansons de Noël, tout en tenant un bateau, construit par leurs soins et dont ils étaient très fiers.

Au lieu d’avoir un sapin de Noël, coutume européenne adoptée ces dernières décennies, les habitants de Chios décoraient un bateau, même si celui-ci se trouvaient à l’intérieur de leurs maisons. Suite à la libération de l’île, après l’occupation par les Turcs, la construction de ces bateaux devint un marque d’honneur et aussi une façon d’honorer la flotte qui libera Chios.

Depuis, les jeunes garçons de l’île, surtout de la ville principale (Hora) ou de Vrontado, travaillaient ensemble afin de construire des maquettes de navires répliquant souvent des navires de combats. Fréquemment, ces derniers étaient même plus grands que les vrais navires. Ces jeunes garçons y travaillaient des mois durant.

Le résultat était impressionnant et la compétition – pour le plus grand et le meilleur navire – devint de plus en plus difficile. Pour célébrer la nouvelle année, tout le monde se rendaient sur la place principale où il y avait de la musique et des “penemata”, des vers écrits par les gens de l’île, et les jeunes garçons exposaient leurs navires aux passants.

Ces dernières années, la coutume est vraiment devenue une compétions avec des règles et des conditions de participation mise en place par Le Club de Tourisme de Chios et la municipalité. Ainsi, le dernier jour de l’an, les enfants, représentants les différentes régions de l’île ainsi que ses paroisses, exposent les maquettes de navires commerciaux et de guerre (ne dépassant pas les 5m de long) qu’ils ont construites. Tout en chantant ces “penemata”, ils rivalisent pour le meilleur bateau et la meilleure présentation. Les “penemata” et leur mélodie sont influencées par les chansons d’Asie Mineure.

Le carnaval sur l’île de Chios est spectaculaire. Il est riche en traditions locales, qui proviennent Du Moyen-âge et de la domination ottomane. Mais personne ne peut les dater exactement. Presque chaque village a ses propres célébrations carnavalesques.

Le carnaval dure trois semaines et est séparé en fonction de ces semaines : la première s’appelle le « Prefonesimi », qui veut dire proclamer, car, et surtout dans les villages, les habitants proclamaient dans les rues le début du carnaval. La deuxième semaine est nommée après la viande, « Kreatiki » en grec car il est encore permis de manger de la viande. Et, finalement, la troisième semaine s’appelle « Tyrini », fromage en grec, car il on peut encore manger du fromage, mais aussi tous les produits laitiers avant le début du jeûne.

Mostra of Thymiana

La « Mostra » est la célébration du carnaval la plus connue de Chios qui a lieu à Thymiana, un village de constructeurs et de maçons de la municipalité d’Agios Minas. Cette coutume vient du Moyen-âge, quand les pirates et corsaires pillaient les côtes de l’île et volaient leurs récoltes.

Le vendredi de « Tyrini », durant la troisième semaine de célébrations, alors que tout le village festoyait, les gardes, perchés sur les tours de guet, virent apparaître des pirates et avertirent aussitôt les villageois. Ces derniers, embrasés par les festivités, se dirigèrent vers la plage afin de leur tendre une embuscade. Une bataille violente en découla, les pirates furent vaincus, et les villageois, intoxiqués par la victoire, conduisirent leurs prisonniers sur la place centrale du village pour les parader, et continuèrent à fêter le carnaval jusqu’au dimanche de « Tyrini ». Pour commémorer cette victoire, la coutume fut répétée chaque année, même pendant l’occupation de l’île.

De nos jours, le vendredi de « Tyrini » les habitants de Thymiana se déguisent et montent la « Mostra ». C’est un spectacle satirique dans lequel les villageois portant des masques, font le tour du village sur des chars faisant diverses figures comiques. Le soir même, accompagné par les instruments locaux, ils dansent le "Talimi", une danse singulière qui imite les mouvements de combat. Les danseurs se divisent en deux groupes: les villageois et les pirates. Ils dansent en paires brandissant des grandes épées. Cette danse est particulièrement intéressante car elle reconstitue avec de la danse les mouvements des combats entre les habitants et les pirates. A la fin, tout le monde danse le "Deto", une danse où tout le monde danse ensemble en se tenant les épaules. Le dimanche de "Tyrini", les chars et le défilé des villageois a lieu dans tout le village. A la fin, Ils s’arrêtent sur la place principale du village où la fête se termine par un grand festin.

"Agas Custom"

Pendant le carnaval, de nombreux villages de la région de "Mastichachoria" (les villages où ils produisent la Mastika) ravivent la coutume du «Agas» le Lundi des Cendres. Ces villages, comme Mesta, Pyrgi, Lithi, Olympi ou Lagada, ont conservé leur caractère moyenâgeux. «Agas», est un juge très strict qui est désigné par les habitants du village; il juge et condamne la plupart des gens qui sont présents, et la seule façon d’y échapper est de donner un pot-de-vin. Ce spectacle satirique est plein d'humour! On peut dater cette coutume aux années 1830 à 1840, pendant la domination ottomane.

Cette coutume émane de l'occupation turque, mais plus précisément de la frustration des habitants de Chios à l'égard des juges turcs et du système de jugement. Sans raison apparente, les habitants de Chios étaient toujours jugés et punis. Comme dans la plupart des traditions carnavalesques, les éléments dionysiaques, les déguisements et les chansons satiriques sont devenus inhérents. A la fin de la journée, Agas est amené à un autodafé.

Dans les villages médiévaux fortifiés Mesta et Olympus, la coutume « Agas » est devenu une grande célébration, avec des représentations intéressantes et des événements qui attirent de nombreux visiteurs. « Agas », accompagné par son personnel, essaye d'entrer dans le village par la vieille porte centrale de fer du village. Les gardes résistent fermement, mais finalement, « Agas » parvient à entrer et se dirige vers la place centrale, où il s’assied à côté de sa "Xanoumissa" (femme turque) et commence les procès. Ne manquez pas l'humour, les plaisanteries et les acclamations de l'auditoire, qui savent très bien qu'ils pourraient être les prochains à être jugés et condamnés !

La coutume "Diplo"

Cette coutume est ravivée chaque année dans le magnifique village Volissos, le chef-lieu des villages du nord de l'île. Conformément à cette très ancienne coutume, le dernier dimanche du carnaval, les gens dans tout le village commencer à faire des «doubles chaînes» ce qui signifie qu'ils se donnent la main, et commencent à chanter et à danser. Tout le monde se retrouve sur la place centrale, se tenant toujours la main et formant ainsi une très longue «chaîne». Selon la tradition, le premier danseur récite un verset qui est ensuite repris par toute la chaîne. Enfin, tout le monde se retrouve sur la place pour continuer la fête, habitants et visiteurs peuvent savourer un verre de "souma" (boisson à base de figues) et manger des pois chiches grillés et des sucreries.

Une abondance de festivals traditionnels

Même si vous n’êtes pas un grand fan de festivals traditionnels, mais vous voulez découvrir les traditions locales et les autochtones, il vous suffit d’aller à l’une de ces célébrations. Les habitants de l’île ont toujours aimé la musique et la dance et c’est pour cela que chaque village organise au moins une festivité sur la place centrale, habituellement, le jour de la fête de l’église de la place.

Les instruments de musique utilisés traditionnellement sont le violon, le oud, la lute ; la clarinette et le bouzouki furent ajoutés plus tard.

Les relations étroites entre Chios et l'Orient sont évidentes dans la musique et les danses, bien que la musique, la danse et les festivités ont également été influencés par les réfugiés.

A ce jour, dans de nombreux villages, les festivités durent deux ou même trois nuits. Les types de danses diffèrent de village en village, mais, vous verrez surtout les danses nommées syrto, tsiftetelia, kasilamades, Arapi sousta, aptalika et hasaposervika (toutes d’influence d’Asie Mineure).

Essayez d'aller à une fête organisée dans un des villages plus petits et plus pauvres, mais néanmoins pittoresque de Chios et du Nord de la cordillère Amani, où des tables sont mises pour tous les visiteurs ! Vous y serez servis un ragoût de chèvre traditionnel (Katsika kokkinisti) et du riz (katsikopilafo) au feu de bois dans des casseroles de cuivre énormes. Une expérience inoubliable!